Du rugby, vraiment pour tous, enfin?

Pour honorer l'événement rugbystique à venir, je me suis dit que ma contribution devait être à la hauteur de mes seules compétences et "obsessions"😉. cf espace liens

Ce premier dossier sera consacré à la formation, le second à venir, sur les liens entre vidéo/tv et le rugby. Même si je ne vais pas pouvoir m'empêcher d'y faire référence et de l'utiliser dans mon propos.

Plus précisément, j'explique mon point de vue de non pratiquant sur le développement de toutes les formes de rugby.

Car j'ai dans un coin de la tête une petite pensée parasite: "Et si c'était ceux qui ont pratiqué le "vrai rugby" qui étaient (ou avaient été) des freins à son développement sous d'autres formes?

« Un vrai coup de godasse sur un type à terre, c'est encore plus dur à donner qu'à recevoir. » André Herrero

Rugby addict

Avant toute chose, je rappelle que je suis complètement addict au rugby de haut niveau ( 2011, photo1, photo2, photo3) que j'espère enfin une victoire de l'équipe de France en coupe du monde, même imméritée, car je sais être chauvin. Mais je n'ai jamais moi même pratiqué le rugby ce qui est bien le cœur du "problème" que je décris longuement ci-dessous.

(peu de pratiquants et licenciés au regard de son statut de deuxième sport le plus médiatique en France)

Qu'on gagne cette maudite coupe qui fait écrire à Richard Escot

"Toutes les nations majeures ont été au moins une fois sacrées. Serions-nous finalement plus cons que la moyenne ?"

et qu'on fasse appel à la raison pour profiter de l'événement et du succès éventuel mais toujours hypothétique (sauf si on sait mettre en pratique le dernier paragraphe de la chronique de Richard Escot) pour enfin réussir à développer la pratique de toutes les formes de rugby. Car on est très loin du compte. Cf mon commentaire sur le blog de Richard Escot pour présenter le dossier ci-dessous.


Rugby, éducation, socialisation, convivialité, émotions


“Je bois du petit lait” en découvrant cette interview du nouveau président de la FFR.

Elle vient illustrer de la meilleure des façons, mes convictions profondes qui m'ont amené à polluer quelque peu 😉 de mes commentaires la chronique estivale de Richard Escot  et convoquer à ma rescousse le sieur Frédéric Bonnet qui incarne à mon sens la solution à mon "obsession": la pratique massive et habituelle du rugby à l'école primaire. 

Ça aurait encore plus servi d’ailleurs mon propos si Frédéric n'avait jamais pratiqué lui-même le rugby, mais fort peu comme il l'explique

Car il faut arriver à démontrer qu'un.e enseignant.e non sporti.ve et n'ayant jamais touché un ballon ovale, peut mener des activités autour du rugby au sens large (sport, français,  maths, histoire, géographie,  sciences) et que le plaisir est partagé par les élèves et l'enseignant.e.

Lire ce que Frédéric Bonnet en dit dans les commentaires de la chronique de Richard Escot et découvrir par exemple le livret qu'il a réalisé avec le comité de Côte d'Argent.

Mais son expérience et sa réflexion méritent d’être connues: Cf Plaidoyer pour du rugby à l'école: Frédéric et même Guy (Noves) montrent le chemin


Frédéric n'est pas le seul bien entendu. Il existe de nombreuses initiatives plus ou moins "solitaires" ou organisées comme par le biais de l'Usep, qui en partenariat avec la FFR a édité un guide pour la coupe du monde.

Voir aussi leur dispositif scolarugby. Voir aussi cette page

Je ne parlerai pas des autres strates de l'enseignement où on trouve aussi matière à réflexion sur le rugby en EPS (taper "Joris Vincent Rugby vidéos" dans Google et vous trouverez deux conférences de cet universitaire,  de 3h chacune 🤔.)

Bref on ne manque ni d'experts, ni d'initiatives intéressantes, ni de compétences de terrain multiples. 

Et s’inspirer de ce que la Nouvelle Zélande fait depuis longtemps:

Cf ce dossier que j’avais réalisé 

Rugby et formation en Nouvelle Zélande  Histoire de poids, problématique des accidents...


Ovale ensemble avait un jour mentionné cette chronique de Richard Escot dans un post Facebook qui en substance mettait en valeur l'investissement d'un grand joueur de rugby auprès des jeunes de son club et ce sans aucune arrière pensée politique pour éviter les remarques comme le précise ici Richard Escot. 

C'est aussi une piste à développer une fois que les jeunes ou moins jeunes sont en club. Profiter de l'investissement bénévole d'anciens qui les ont fait rêver, ou ... leurs parents😉

J'en profite ici pour donner un exemple de ce que la vidéo peut apporter de positif à une autre forme de médiatisation du rugby.

Je pense bien sûr à tous les reportages existants.

Il y a particulièrement la webserie destins mêlés de la FFR (cf chaîne YouTube  FranceRugby)

Mais je voudrais faire un focus sur cette série "Depuis le début" qui mériterait d'être plus connue encore et qui reprend cette idée de l'expert qui vient apporter sa pierre au petit club. Voir ICI


Sociétal et pédagogique

Florian Grill a donc dit dans cette courte vidéo :


"Le rugby joue un rôle sociétal, pas simplement un rôle sportif"

"On joue un rôle éducatif c'est certain, on a été inventé à l'école et conçu presque,  pour la dimension pédagogique"


Il ne s'agit pas de dire que le précédent président et son équipe n'ont pas fait du bon boulot pour faire avancer des dossiers et surtout faire en sorte que l'élite de ce sport soit durablement dans le top 6 du rugby mondial pour les hommes, et le top 3 pour les filles.

Il n'y a aucune raison que les diverses orientations prises, moyens donnés et accords avec la ligue ne perdurent pas. Sous réserve de finances saines.

J'ai plus de craintes sur l'articulation FFR-Ligue car on voit bien les "sacrifices" consentis par les clubs pour l'équipe de France, même si le stade Toulousain vient en 2023 de s'enlever une occasion de râler sur le fait que sa contribution au rayonnement du rugby français à l'international lui ôte des chances de réussir dans le championnat domestique.

Bref, même si ça n'a pas beaucoup plu à Pierre Villepreux à l'époque et même si la manière de présenter les choses par Bernard Laporte était plutôt "cash" (pas surprenant), une des premières décisions du premier mandat dès 2017 s'est révélée "payante", cf l'hommage rendu à Didier Retière par Richard Escot  dans sa chronique.


Le changement nécessite parfois des prises de risques et des décisions dont on peut penser qu'elles nuisent à l'intérêt du développement du rugby, ou du rugby d'élite et qui finissent par s'avérer payantes.

Il est utile de préciser qu'à l'inverse dans le même temps la nouvelle équipe, au dire de Bernard Laporte a créé le pôle France féminin.
Mais dans cette page  j’émets l’hypothèse que la vérité est peut être légèrement différente.

Bref tout ça pour dire qu'il faut arriver à mettre les egos de côté, jouer collectif, sans chercher à s'attribuer telle ou telle bonne (ou mauvaise😉) décision.

Rappelons que Florian Grill a expliqué qu'ils votaient à 80% les décisions quand ils étaient "dans l'opposition".

Le nombre de licenciés

C'est donc bien sur le nombre de licenciés que Laporte and co n'a pas vraiment réussi  même si la crise sanitaire est passée par là aussi. Alors qu'il disait (cf article plus haut)

"La vérité c'est qu'il y a 330.000 licenciés dont 110.000 dirigeants, alors que l'on nous disait qu'il y avait 480.000 licenciés"

Nous en sommes à 324.326 licenciés en 2022-33 cf cet article 


Donc quand la journaliste de la chaîne bfm business pose  la question ...

"C'est le deuxième sport le plus médiatique en France, concrètement, économiquement, vous attendez quoi en termes de retombées"

Le président met en avant le grand paradoxe du rugby français:

"On est le deuxième sport médiatique en France mais on est le dixième en nombre de licenciés. C'est ça l'enjeu, amener plus de gens à venir au rugby."

Cf ce classement

Et il décrit toutes les formes possibles, en particulier le rugby à 5 même s'il est très éloigné du rugby à 15…

Mais c'est pourtant là l'enjeu.

Yohan Huget par exemple répondait en 2014 "« un joueur international n’a pas besoin de s’entraîner à faire des passes » à son entraîneur d'équipe nationale qui exhortait ses joueurs à avoir un ballon dans le coffre de la voiture pour travailler la technique, ou dit autrement par ailleurs "on va pas quand même amener du travail en vacances".

Cf  dans cet article où Philippe Saint-André constate:

"Les lacunes aperçues face aux Wallabies interrogent sur l’acquisition des gestes fondamentaux de ce jeu. Les Français savent-ils faire une passe ? La formation à la française est évidemment pointée du doigt. Saint-André a même confié qu’il souhaitait que les internationaux aient un ballon dans le coffre de leur voiture pour travailler leur technique pendant les vacances. On croit rêver, pour des joueurs professionnels…"

Lire au détour ce long article  de boucherie ovalie "Philippe Saint-André passe sur le grill" où Saint-André s'explique sur son mandat et revient sur cette histoire de technique individuelle.


3 ans auparavant lors d'un court séjour en Nouvelle Zélande j'ai été frappé par le nombre de jeunes qui se baladaient avec un ballon de rugby dans les mains.  Juste pour jouer à se faire des passes, envoyer le ballon le plus haut possible pour le rattraper, etc.

Des petits jeux pratiqués au quotidien n'importe où (à la sortie d'une église! ; voir ici  ou cherchez le ballon sur les photos😃 ).

Si prendre un ballon de rugby et se faire des passes ou des feintes dans la cour de récréation, dans le jardin ou dans la rue devient bien plus fréquent et donc plus visible, alors, au même titre qu'un événement médiatique planétaire, ça développera des pratiques diversifiées de balle ovale. Et l'élite n'y perdra rien, au contraire. Et le nombre de licenciés augmentera dans les clubs.


Si on n'a rien compris à la passe, on n'a rien compris au rugby. »(Maurice Prat)


S'il existe plusieurs niveaux de pratique de rugby à 15,  ça reste un jeu ou le défi physique et les contacts sont nombreux. Avec les risques qui vont avec. (Pour rappel cette page)


Même si Lucien Mias  a su caractériser cette particularité avec une phrase qui résume bien le rugby : 

"Le rugby c'est le seul sport où l'on se rencontre, alors qu'ailleurs on se croise." 


C'est donc très judicieux de rappeler qu'il y a plusieurs manières de s'impliquer dans le monde du rugby (les cuisinier.es sont très convoité.es😉) et plusieurs formes de jeu dérivées et éloignées de ce qui est médiatisé mais qui apportent aussi beaucoup de plaisir de jeu.

Bref, il faut sortir absolument de cette image d'un sport qui se pratique forcément à haute intensité,  avec des chocs violents et des blessures et arrêts fréquents plus ou moins longs. Ça c'est le rugby d'élite,  celui qui en fait un sport très médiatique et rentable économiquement en France car il provoque de grandes émotions et des moments de convivialité forts. Avec parfois un prix fort à payer (pendant ou après carrière) pour nos gladiateurs des temps modernes.


"Je vous le dis les gars, on va faire de vilains vieux." (Michel Crauste)


Donc poursuivre l'augmentation des licenciés

cf l'article déjà cité, passe par la nécessité de faire connaître à tous les publics (et de développer) toutes les formes de jeu utilisant un ballon ovale.

Et pas uniquement pour dénicher l'élite de demain,  mais pour juste permettre la pratique loisir à un très grand nombre de personnes (enfants, jeunes et vieux, bien portant, ou avec un handicap, une maladie).

Et donner surtout plus de visibilité à la diversité du rugby via des clips publicitaires par exemple avant des retransmissions de matchs de rugby à 15.

On voit bien que c'est ce qui brille qui attire médias et téléspectateurs.

Une émission comme "rencontres à xv" a des aficionados,  mais reste peu médiatisée et parfois menacée de suppression.

On a pourtant besoin d'histoire du rugby et d'histoires de rugby.

Et de montrer que le rugby peut être pratiqué par tout le monde, et à tout âge, avec des conditions physiques très variées. 

Le rugby à 5, une solution parmi d’autres

Il faut donc populariser la pratique du rugby à 5.
Cf page sur le rugby à 5

Mon gendre a découvert cette activité à l'âge (36 ans) où les amateurs du rugby à 15 décrochent, contraints et forcés par les limites du corps et le niveau parfois requis.


"Je me suis retiré du rugby parce que j'étais vieux et devenais vraiment lent." Javier Bardem


Plutôt sportif, il avait pratiqué le tennis en club, et un peu touche à tout dans d'autres sports, y compris collectifs, et des sorties vélo avec un ou deux  cols😉. 

Récemment je lui ai demandé de m'expliquer en quoi il incarnait cette bizarrerie de de ce sport : c'est un sportif, il adore le rugby depuis tout jeune et il n'avait jamais franchi le cap avant cet âge canonique en rugby de haut niveau.

"N’en ayant pas fait jeune (plutôt du tennis), je n’ai jamais osé m’y mettre de peur de me faire mal sur les contacts. D’autant plus que j’ai besoin d'être en bonne forme pour mon travail, sans entorse des doigts! (Nb il est Kiné-ostéopathe)

Et je m’éclate! Les entraînements sont très physiques, les efforts intenses (match court à l’image du rugby à 7). On touche pas mal de ballons et il n’y a pas de poste prédéfini. On peut tous se retrouver relayeur, ou 10, ou ailier d’une action à l’autre. 

Je trouve ça super ludique!

Et je retrouve une ambiance d’équipe, avec des moments conviviaux à la fin des entraînements (apérooooo!)"


Le rugby est l’histoire d’un ballon avec des hommes autour et quand il n’y a plus le ballon, il reste l’essentiel, les hommes… » (Jean-Pierre Rives)


"Je ne suis qu'un joueur de 3ème mi-temps." (Claude Nougaro)


Quand à son fils, Félix, 5 ans, contre toute attente, il va sûrement changer d’avis (voir plus bas).
Méfaits de la vidéo, et passion du rugby trop précoce, il a très vite dit “Je préfère regarder le rugby à la télé comme Papi” transposant ce qu’il pouvait voir à la TV avec ce qui risquait de lui arriver.

Lorsqu'il a appris que son papa allait faire du rugby, à 4 ans et deux mois, il était très anxieux à l’idée qu’on allait plaquer son papa et lui faire mal, jusqu’à que lui soit expliqué qu’il n’y avait pas de placage.  


“On prend goût aux douleurs que le rugby provoque. Un match qui ne fait pas mal est un match raté.” (Walter Spanghero)

CF: Histoire de poids, problématique des accidents...


Une journée porte ouverte, presque un an plus tard, lors du jour de la finale, lui a montré concrètement en quoi consistait la pratique du rugby à son âge. Cf espace Baby Rugby de la FFR
Au passage il a démontré combien les gestes de Ntamack en finale, s’apprennent de manière naturelle au plus jeune âge. Voir ICI (pdf)


NB: Les citations qui parsèment ce dossier sont tirées de ce site




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