Le Springbok s'en sort 4 fois sur 5

4 matchs sur les 5 importants ou 4 grandes nations battues sur 5. C'est grosso modo leur ratio sur cette coupe du monde 2023 .
Et c'est le ratio du Springbok. Voir plus loin.
Le rugby Sud Africain, a toujours une bonne raison de "jouer sa vie" , un coup pour réunifier (1995), un coup pour consoler (2023)

J'ai fini par comprendre tout le sens du rugby Sud Africain et de son animal fétiche.
Bien sûr que nous, notre animal, Coluche lui a définitivement donné tout son sens
"Savez-vous pourquoi les Français ont choisi le coq comme emblème ? C'est parce que c'est le seul oiseau qui arrive à chanter les pieds dans la merde!"
C'est l'exercice que s'apprête à faire Fabien Galthié.
Mais quand bien même nous serions le guépard que ça ne changerait pas grand chose.
Car il y aura toujours une grosse différence entre le Guépard qui court après le Springbok car il a faim, alors que le Springbok court devant le Guépard pour ne pas mourir.
Ce ne sont pas les mêmes enjeux. Et probablement que ces joueurs par leur rugosité et tous les moyens employés licites ou pas sont "habités" dès qu'ils jouent pour leur équipe nationale par cette nécessité de jouer (se battre) pour survivre, à l'image des conditions de vie très dures dans leur pays avec une insécurité notoire.
Ceci expliquerait pourquoi un joueur Sud Africain jouera systématiquement à un niveau largement supérieur en équipe nationale à son niveau dans le club où il est allé exercer son métier. 
Je note que lorsque je commence à écrire ce texte le lendemain matin de la finale,  j'écris "habités" (et l'expression "un niveau supérieur") ce qui n'est pas un scoop, mais je découvrirai plus tard le titre de cet article ; "Habités au point supérieur"
Et on pourrait donc comprendre leur réussite en Coupe du Monde par cette phrase de la fiche Wikipédia:
"Le guépard est plus rapide que lui, mais le springbok peut tenir sa vitesse de pointe, sur une plus longue distance. Seule une chasse sur 5 est couronnée de succès pour le guépard lorsqu'il chasse le springbok"
Cf le ratio de victoires cité plus haut et son ratio de finales gagnées invraisemblables: 4 victoires sur 8 possibles, soit un ratio de 1 sur 2, jamais de finale perdue, ce qui sera probablement définitivement inégalable. On l'espère du moins pour permettre à certains pays d'y goûter un peu, à commencer par la France et l'Irlande.
Je comprends aujourd'hui que cette coupe du monde est pour l'AfdS le moyen le plus sûr de figurer au panthéon du rugby mondialmême si entre deux coupes du monde leur domination dans le  Rugby Championship est ridicule: 4 tournois remportés sur 28.
Les Blacks l'ont remporté 20 fois dont huit fois en remportant tous les matchs.
Qui pourrait imaginer que l’Écosse souvent dominée lors du tournoi des 6 nations devienne la nation la plus titrée en coupe du monde?
Et les victoires de l'AfdS lors des tournées des Lions (9/13, dont les deux dernières 2021, 2009) demeurent connues que des mordus du rugby. 
 
En 1995 Mandela a compris tout l'intérêt de cette première participation à cette compétition, qui plus est dans son pays, et désormais on peut penser que c'est l'objectif ultra prioritaire du rugby Sud Africain. Même s'ils n'arrivent pas étrangement à décrocher l'organisation d'une deuxième coupe du monde.
C'est ce qu'explique Olivier Villepreux dans cet article:
"
les Springboks ont cette qualité (que l’on peut voir aussi comme un défaut) de calculer chacune de leur sortie en Coupe du Monde comme un entrepreneur limiterait ses coûts pour augmenter ses marges "
Et il semble que désormais il faudra être un guépard vraiment affamé,  prêt à jouer un match comme si sa survie en dépendait pour espérer croquer ce Springbok qui s'échappe bien souvent au dernier moment,  d'un point.

Le 14 août Yannick Bru dans une interview à Sud Ouest nous faisait entrevoir ce résultat possible:
 
"J’ai progressé sur ma connaissance du rugby sud-africain. J’ai découvert leur rapport maladif au travail, la préparation dans l’ultra détail, des méthodes de management très dures avec beaucoup d’engagement de la part du staff et des joueurs, mais aussi une certaine éducation très différente de celle de notre monde latin. J’ai été confronté à une société organisée différemment avec des problèmes qui n’ont rien à voir avec les nôtres, qui touchent à des choses essentielles de la vie, comme la sécurité, l’énergie… Tout était vraiment très différent. Je me suis enrichi. Tout ce que j’ai vécu là-bas n’est pas transposable ici. Mais je comprends mieux pourquoi les Springboks sont trois fois champions du monde."


Dans son commentaire, Serge Eynard rappelle :
"...Par contre, il a peut être oublié d'insister auprès de ses joueurs à la réflexion sur ce proverbe africain qui dit "la gazelle quand elle se réveille sait qu'elle devra courir plus vite que le lion, sans quoi elle se fera dévorer. Le lion quand il se réveille sait qu'il devra courir plus vite que la gazelle sans quoi il va mourir de faim". La gazelle springbok a couru deux fois plus vite d'un poil pour parvenir en finale... et laisser également les blacks sur leur faim..."
 
Article de L’Équipe: "Habités au point supérieur"
 
Le point de vue d'un ami, sur la supposée influence du Rugby Sud Africain publié dans la chronique de Richard Escot au sortir de la finale.
A compléter pour la réflexion avec cet article
Autopsie du perdant magnifique
 
Et aussi:


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